Soins palliatifs entre hier et aujourd’hui

La médecine toujours plus performante a tendance à se préoccuper des organes atteints par la maladie plutôt que de la personne dans sa globalité.

À l’aube du nouveau millénaire, la médecine, toujours plus performante, se préoccupe plus des organes lésés par une pathologie que de la personne atteinte dans sa globalité par une maladie.

Les Soins Palliatifs ont pour objectifs de répondre aux besoins physiques, psychologiques, sociaux et spirituels des malades incurables.

Cette prise en charge mobilise un grand nombre d’intervenants : membres de la cellule familiale et proches, professionnels de la santé mais aussi monde de la recherche médicale, des sciences sociales, de l’anthropologie, de la philosophie etc... La société civile entière se trouve interpellée par ce mouvement qui suscite des questions essentielles : comment aider celui qui arrive au terme de sa vie, comment soutenir les survivants endeuillés, comment se familiariser avec sa propre finitude humaine , que faire pour désenclaver la mort de ses lieux tabous ? Autant de questions qui vont sur notre chemin initiatique du faire à l’être.

" Prolonger la vie ne doit pas, en soi, constituer le but exclusif de la pratique médicale ; celle ci doit également se préoccuper de soulager la souffrance". Telle est en 1976 une recommandations du Conseil de l’Europe.

Si en 1991 seulement 10% de la population française pouvait donner une définition des soins palliatifs, à ce jour ces termes sont de plus en plus employés.

La presse écrite, la télévision, la littérature nous sollicitent très régulièrement pour nous les faire découvrir ou nous les rappeler. Pour chaque source d’information sa version, ses amalgames...

L’acharnement thérapeutique et son abandon, les soins palliatifs, l’euthanasie sont souvent mis en parallèle ou même présentés dans une même filière de prise en charge ... difficile pour le profane d’avoir une vue juste de la démarche médicale palliative alors qu’elle est en pleine mutation et qu’elle tente de s’intégrer au sein de la médecine actuelle par une implantation transversale...

Le mouvement des Soins Palliatifs est né en réaction face à la techno science médicale toujours plus performante et toujours plus objectivante, laissant pour compte le sujet et réduisant ainsi l’Homme à une machine pour qui la santé serait devenue uniquement " le silence des organes".

La médecine palliative est venue apporter ses connaissances à la médecine curative dont elle s’est détachée en réaction devant sa tendance objectivante. Parallèlement elle s’est enrichie et continue de le faire grâce aux progrès de la médecine curative.

Tous les textes officiels relatifs aux Soins Palliatifs qui ont jalonnés depuis 15 ans et plus notre code de la santé ont rencontré peu à peu un avis favorable dans l’imaginaire collectif au point de faire l’objet d’une loi (n° 99-477 du 9 juin 1999) qui garantit que "toute personne malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement".

De la médecine pionnière palliative il y a eu glissement vers une médecine palliative pour tous. Mais ce droit pour tous est un choix que les français sont-ils prêts à assumer dans une politique de santé construite au plan national ? Comment passer d’une pratique dans quelques lieux privilégiés à une banalisation de cette prise en charge globale ?

Cette interpénétration du curatif et du palliatif aura des conséquences difficiles à présager dans des domaines aussi variés que les soins, les prescriptions médicales, l’organisation des structures médicales publiques et privées, l’économie de la santé, l’enseignement de la médecine, l’évolution des sciences humaines etc...

Bibliographie

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 Salamagne M.H. : L’hôpital face à la douleur, la non guérison et la mort. Annales du congrès national d’Amiens : Ethique hospitalière, IFISIS, 1990.
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Michèle SALAMAGNE

Médecin à l’Hôpital Paul Brousse, Villejuif, France.

Publié: 24/03/2001