3ème dimanche de l’Avent
1. Dimanche dernier, nous avons entendu Jean le Baptiste clamer haut et fort, sur les rives du Jourdain, que la venue du Seigneur était proche. Qu’il fallait la préparer, qu’il y avait urgence à se convertir en se faisant baptiser. Aujourd’hui nous le voyons emprisonné par Hérode pour lui avoir reproché la répudiation de son épouse et pris celle de son frère, Hérodiade qui, elle, était une princesse de sang. Hérode mit au silence ce prophète dont l’influence allait le déstabiliser devant ses sujets.
2. Jean, en prison, est pris de doute. Rien ne s’était passé comme il l’avait annoncé. Il envoie alors ses disciple à Jésus avec cette question qui le hante : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Et la réponse vint, porteuse de la réalisation des promesses du prophète Isaïe : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. »
3. Pourtant tous les aveugles, tous les boiteux, tous les sourds d’hier comme d’aujourd’hui n’ont pas vu leurs handicaps disparaître, encore moins les morts ressusciter. Jésus parlait d’autre chose, d’autres handicaps que ceux qui difforment le corps. Il y a ceux qui difforment l’âme, ce principe vital et spirituel, immanent ou transcendant, qui anime le corps d’un être vivant et que le croyant dit venir de Dieu. « Il n’a pas d’âme » dit-on d’une personne insensible à la souffrance qui l’entoure. » Un autre adage dit : « Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut voir. »
4. C’est justement de cette difformation de l’âme, de cette insensibilité, de cette surdité, de cet aveuglement que le Christ Jésus veut nous délivrer
. Pour cela il a pris le chemin des hommes pour leur en montrer le chemin. Le moment présent nous occupe grandement et il faut s’en occuper. Il ne faut pas oublier qu’il y a plus, que ce plus nous devons le chercher. Tous les sages, les philosophes du passé et du présent l’ont fait. De regarder le Christ, de faire nôtre ses engagements nous font aller plus loin.
5. Jésus fit grief à ceux qui le combattaient de « regarder sans voir, d’écouter sans sans entendre ni comprendre ». Nous ne sommes pas exempts d’un tel reproche. Ne croyons pas que la Bonne Nouvelle n’est bonne que si elle visible, tangible. On peut le penser au regard de ce qu’ont vécu et vivent toujours les hommes. La Bonne Nouvelle pour les victimes de la Shoah aurait été qu’elle soit empêchée par une intervention divine. La Bonne Nouvelle pour l’Ukraine serait que Poutine se retire et renonce à l’annexion des territoires conquis. La Bonne Nouvelle pour les Palestiniens de Gaza aurait été que le Hamas libère ses otages et qu’Israël ait arrêtée les bombardements. Mais rien ne s’est produit. Parce qu’autre est le dessein du Christ qui est de changer les cœurs pour les voir conduire les comportements du corps. Pour les victimes de la violence, il y eut des porteurs de la Bonne Nouvelle. Tous ceux qui dans les ONG sont venus leur apporter nourriture, soins, médicaments dont plusieurs ne sont pas revenus. Tous les reporters de la presse qui se sont engagés pour nous mettre sous les yeux toutes leurs souffrances et nous appeler à ne pas rester dans l’indifférence.
6. Nous pouvons en être, chaque fois que nous avons vu, avons entendu celui, celle qui avait besoin d’une bonne nouvelle. Nous ne sommes pas du Christ parce que nous avons été baptisés. Mais nous le devenons chaque fois que mettons nos pas dans les siens. Nous nous en éloignons chaque fois que nous marchons les nôtres.
Seigneur
Sois notre étoile sur nos chemins.
Sois notre regard porté sur notre prochain.
Sois notre bienveillance qui fait tant de bien.
Sois notre main pour qui en a besoin.
Sois notre oreille pour entendre qui pleure.
Sois notre cœur pour compatir au malheur.
Sois notre largesse pour qui a besoin d’être aidé.
Sois notre tendresse pour qui ne connaît que dureté.
Sois notre patience pour qui n’est que violence et cris.
Sois notre espérance pour qui n’en a pas.
Sois notre joie de vivre pour les aigris de la vie.
Sois notre étoile au moment de nos derniers pas.

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

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