Noël - Messe de la nuit

« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie » proclame l’ange du Seigneur aux bergers de la nuit de Bethléem.

1. La joie est bien le sentiment le plus fort de ce temps de Noël. La joie, cela se sent, cela se voit, cela s’exprime comme en témoigne cet air de fête qui court à travers toutes ces illuminations des rues et des maisons, ces crèches dans les églises et dans nos demeures que nous devons à François d’Assise, la multitude des cierges allumés, les chants des célébrations. En famille aussi. N’est-ce pas sur le visage des enfants ravis des cadeaux reçus que cette joie se lit encore le mieux ? Et cela est heureux. Quant au pourquoi de cette fête, combien sont-ils ceux qui peuvent répondre ?

2. En ce premier Noël de l’histoire, Dieu entre dans l’histoire des hommes par la petite porte. En cet enfant, nous croyons que le ciel et la terre, l’invisible et le visible, la foi et l’histoire se sont rencontrés. « Celui qui contient le monde gisait dans une crèche, il était à la fois enfant sans parole et Parole » disait saint Augustin. Un petit enfant fragile pour nous dire l’éternité. Un visage d’homme pour nous donner de voir Dieu. Un enfant pour être notre guide. Cela ne s’explique pas. Cela se croit, cela médite. Il faut se laisser gagner par ce mystère.

3. Cette célébration en est l’occasion. Depuis que l’homme est homme, pour répondre à ses questions, il a conçu des dieux au-dessus de lui, invisibles et tout-puissants. Qu’il fallait craindre parce qu’ils décidaient du bonheur et du malheur. Loin de là, Noël nous propose de voir en cet enfant un Dieu qui se met à notre niveau. Qui n’est pas hauteur mais petitesse. Qui n’est pas force mais fragilité. Aussi dépendant des grands qu’un nouveau-né peut l’être. Un Dieu qui n’est pas toute puissance mais fragilité. Qui n’est pas dans les nuages, mais qui se laisse toucher. Dieu dans un petit d’homme par amour de l’homme, pour que l’homme devienne grand en Dieu. Vous conviendrez que cela nous dépasse. Et que Noël reste pour nous mystère. Mais ce que nous devons comprendre, c’est que Noël, ce n’est pas seulement une belle histoire à raconter mais une lumière pour nos pas. C’est l’espérance pour un monde qui ne sait où il va. Jésus a voulu passer devant pour nous montrer par quels chemins nous devons cheminer. Emmanuel ne veut-il pas dire « Dieu avec nous » ? Demain les lumières s’éteindront, les souvenirs de la fête s’estomperont, les difficultés de vivre un moment oubliées, resurgiront. Et nous devrons repartir. Repartons avec au cœur le désir d’aller plus loin avec lui, alors cette fête ne sera pas terminée.

4. Noël ne s’éteint pas avec l’aurore. Demain est un chantier. Il faudra y mettre en œuvre ce que Noël signifie. Il est venu parmi les siens pour que les siens se fassent proches les uns des autres. Odette Vercruysse qui fut infirmière à Nancy nous en a montré nombre de chantiers. « C’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant. C’est Noël chaque fois qu’on dépose les armes, chaque fois qu’on s’entend. C’est Noël chaque fois qu’on arrête une guerre et qu’on ouvre ses mains. C’est Noël chaque fois qu’on force la misère à reculer plus loin. C’est Noël quand nos cœurs oubliant les offenses sont vraiment fraternels. C’est Noël quand, soudain, se taisent les mensonges, et qu’au fond de nos vies la souffrance qui ronge trouve un peu de douceur. C’est Noël dans les yeux du pauvre qu’on visite sur son lit d’hôpital. C’est Noël dans les mains de celui qui partage aujourd’hui de son pain. C’est Noël quand le gueux oublie tous les outrages et ne sent plus sa faim. C’est Noël sur la Terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’Amour. »

Les parents, grands-parents apprennent aux enfants, petits-enfants à dire Merci. Notre merci sera de prendre un de ces chemins-là.