Sépulcres blanchis

Seigneur, dans le passage de saint Matthieu () Tu apparais comme un homme déterminé, qui sait ce qu’il veut et qui le dit avec force. Le petit Jésus, enfant dodu, blondinet, tout frisé que l’on représentait souvent dans les images pieuses de mon enfance, est à mille lieues de là. On a l’impression que l’hypocrisie des scribes et des pharisiens Te fait sortir de tes gonds, surtout quand ils empêchent les petits, les gens simples, de venir vers Toi. Tu ne mâches pas tes mots. Tu y vas carrément en leur disant : « Vous ressemblez à des sépulcres blanchis ; belle apparence à l’extérieur, mais plein de pourriture à l’intérieur. »

C’est bon à savoir, car quel est celui qui peut s’estimer totalement exempt de ce vice caché ? Donner bonne impression de soi, c’est presque inné en nous, et d’un certain côté, c’est même une forme de politesse quand on s’astreint à ne pas être trop moche pour aller chez quelqu’un. Autrefois, dans les milieux simples on s’endimanchait pour aller à la messe, c’est-à-dire qu’on mettait ses plus beaux habits, habits que l’on ôtait en rentrant chez soi, qu’on pliait soigneusement en les mettant de côté pour le dimanche suivant. Jusque là, ce soin apporté à l’extérieur me paraît convenable, peut-être même louable, si ces soins sont faits pour faire plaisir aux autres. Celles et ceux qui cachent leurs cheveux blancs et se maquillent, ne doivent pas, à mon avis, se faire trop de soucis, à condition que le coût de ces soins de beauté soit raisonnable. Dans Ta diatribe, ce n’est pas ce que Tu vises Seigneur, c’est évident. Comme on dit, il y a des mensonges pieux !

Non ! Ce qui Te révolte c’est la contradiction profonde entre ce qu’on dit et ce qu’on fait et l’autosatisfaction de soi-même. Tu l’as illustré avec la parabole du publicain et du pharisien, parabole à laquelle je me réfère souvent car elle est très parlante.

Note qu’aujourd’hui il y a une forme d’hypocrisie que Tu stigmatises, celle qui consiste à vouloir passer pour un homme pieux : hypocrisie, qui aujourd’hui n’est pas d’actualité. Dans notre société déchristianisée et sécularisée, cette hypocrisie ne risque pas de faire des ravages. Le pratiquant fidèle est jugé au mieux comme un doux rêveur quand ce n’est pas comme un imbécile, peut-être pas dangereux mais pitoyable.

C’est déjà ça ! Mais il y a d’autres formes d’hypocrisie qui nous guettent, car elle est très forte cette hypocrisie pour se cacher. Pauvre de moi ! Par exemple se faire bien voir de son entourage, ne pas ignorer ce que donne ma main droite, juger les autres, nous comparer aux autres, retenir, quand il y a échange entre nous, surtout ce que nous même avons dit, et beaucoup moins ce que les autres ont apporté, ne pas réagir, en laissant croire qu’on est d’accord, quand les propos manifestement contraires à tes desseins sont énoncés etc. etc. la liste pourrait s’allonger indéfiniment.

Dans tous ces cas où on porte des masques et où l’autosuffisance nous gonfle, l’important c’est de se reconnaître pécheur, pécheur pardonné certes, mais pécheur qui avons besoin de Ton aide, car on t’a fait mal.

Tu l’as dit avec force, alors merci, Seigneur, de t’être montré intraitable. C’est bon à savoir et à méditer.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/11/2016