Fête de Marie, mère de Dieu

Tout de suite après la Nativité ; nous sommes invités à fêter Marie, ce qui me parait très justifié. Sans elle, sans son accord, sa totale disponibilité à ton projet, Seigneur, où en serions-nous ?

Nous la fêtons comme mère de Dieu, ce qui est logique puisqu’elle est la mère de Jésus qui est Dieu. Entre parenthèses il y a d’autres appellations ecclésiales qui m’agacent un peu, comme la fête du Saint nom de Marie, ou encore le Sacré Cœur de Jésus, ou le nom donné à Thérèse de Lisieux à son entrée définitive au Carmel : Thérèse de L’Enfant Jésus et de la Sainte Face ? Cela me parait inutilement tarabiscoté ! Pourquoi ce dépeçage en petits morceaux ?

Mais il y a autre chose, plus grave peut-être où je me sens en désaccord avec ce que préconise le magistère. Marie est la mère de Dieu, je l’ai dit plus haut et ça ne pose aucun problème, à moi. À elle, ça n’a pas du être évident ni facile à gérer. Mais c’est son affaire, pas la mienne. Mais sous prétexte que sur la croix Tu as demandé à Jean de la prendre chez-lui comme si elle était sa mère, elle est vénérée comme si elle était la mère de tous les enfants de Dieu, c’est-à-dire mère de toute l’humanité. Et ça, ça me gène. Au moment où Tu as fait cette demande, elle me parait aller de soi. Marie était veuve, elle était en train de perdre son fils, elle ne pouvait plus vivre décemment sans un référent masculin. C’était la règle, en ce temps là dans ce pays, et il était le seul homme à être présent au pied de la Croix.

Moi, j’ai eu la chance énorme d’avoir une maman formidable, qui a su répondre à mes attentes, qui m’a aimée d’un amour inconditionnel, et je me vois mal avec deux mères. Je plains les enfants actuels qui sont élevés dans des familles dites recomposées ou homosexuelles, où les repères ne doivent pas être évidents pour eux.

J’aime bien Marie c’est sûr. Le peu d’elle qui transparaît dans les Evangiles, me comble d’aise. C’est une femme comme moi, une laïque comme moi qui n’a pas compris tout de suite, tout ce que disait ou faisait son fils, mais l’a gardé dans son coeur, et c’est un exemple pour moi. Elle a du être tentée comme son Fils, pour ne pas succomber au Malin (il y a deux passages dans l’Evangile qui le laissent entrevoir) ce qui est source d’admiration pour moi. Elle était, il est vrai comme son Fils sans péché, ce qui n’est pas mon cas mais j’y vois, plutôt qu’une faveur ou une préférence injuste, une responsabilité plus grande (voir la parabole des talents où il est demandé plus à celui qui a reçu plus). Adam et Eve aussi étaient nés sans péché, et ça ne les a pas empêché de dégringoler en faisant confiance au Malin plutôt qu’à Toi Seigneur.

Bref, la place de Marie dans mon coeur est source de grande joie, mais je ne la considère pas comme ma mère et m’en tiens à mon état civil : je suis fille de Pierre Marie Joseph Reynes et de Marie Beugin son épouse. Point à la ligne.

Voilà, j’espère Marie que Tu ne m’en voudras pas si je passe un peu vite sur tous les pieux commentaires où on remercie le Seigneur de nous avoir donné sa mère. Je t’ai expliqué mes réticences. Sans doute que la haut, ça n’aura pas grande importance, puisqu’on formera une seule et grande famille.

En attendant, je te remercie du fond du coeur pour avoir dit « oui ». Pour moi c’est l’essentiel de ma vénération pour toi.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/01/2012