Essai de méditation... ?

Le texte qui relate, ce que nous autres occidentaux qualifions de “fugue” de Jésus à l’âge de 12 ans (), ce texte, dis-je, me fait réfléchir, peut-être devrais-je dire me fait méditer.
Il me paraît certain que Jésus, très tôt, peut-être vers l’âge de raison, a voulu de toutes ses forces faire la volonté de son Père : « Je me dois aux affaires de mon Père » affirmera-t-il. À tel point qu’Il ne comprend absolument pas pourquoi Joseph et Marie se sont inquiétés à son sujet. Leur incompréhension mutuelle est totale. Ils sont sur deux longueurs d’onde et dans des mondes différents. Mais Jésus entend l’angoisse de sa mère ; on a l’impression qu’Il redescend sur terre. Il a 12 ans, c’est encore un mineur qui se doit de rester soumis à ses parents officiels.
Et c’est ce qu’Il fait.

Mais ça a dû le secouer puisqu’Il attendra une vingtaine d’années avant de se relancer dans l’aventure de sa mission.
À douze ans, c’est Marie qui Le freine, à trente ans, c’est elle qui, à Cana, le pousse à se lancer. Intéressant, non ?

Et je ne peux pas ne pas me demander ce qui se serait passé, si Marie et Joseph s’étaient laissé convaincre par leur gosse, en acceptant de le laisser au Temple, pour être instruit par les autorités religieuses, qui paraissaient si charmées par la personnalité de ce petit bonhomme !

Ça devait pouvoir se faire. Et jusqu’où cette bonne entente aurait-elle pu aller ?
Et une autre idée me vient à l’esprit. Est-ce que Nicodème a connu Jésus lors de cet incident ? Est-ce qu’il en aurait gardé un souvenir si fort et si plaisant, que vingt ans après, il l’aurait reconnu et aurait décidé de venir le trouver “de nuit” malgré le rejet de ses pairs ?
Ça me plaît bien d’imaginer ces possibilités, ces rebondissements. Ces personnes dont me parlent les Évangiles en deviennent plus vivantes.
Et Jésus pareillement.

Mais faut-il, est-il souhaitable de se laisser aller à ces fantaisies ? À quoi riment-elles, qu’est-ce qu’elles peuvent apporter à la connaissance vraie de Jésus me dira t’on ?

Pour moi, ça me conforte dans l’idée que tout n’était pas écrit d’avance, et que Jésus a été un homme qui comme chacun de nous, a eu à choisir entre plusieurs possibilités, pour conformer sa volonté à celle du Père. Il a dû faire preuve de discernement, ce qui n’est pas toujours facile. Loin s’en faut. Ainsi Il devient encore plus proche de nous parce que plus fragile, et du coup je crois que je L’aime mieux.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/10/2016