5e dimanche de Pâques

1. « Aimez-vous les uns les autres. » Ces mots ont été prononcés par Jésus alors qu’il savait ce qui allait arriver : « Je ne suis plus pour très longtemps avec vous. » Au pire moment de sa vie mais au cœur d’une fête. Alors que les croyants juifs allaient célébrer une délivrance, lui serait livré. Alors qu’on fêtait la naissance d’une communauté croyante, les siens seraient dispersés. Mais Jésus leur donne un autre projet que de le regretter, de voir partir dans des conditions inhumaines celui qu’ils avaient suivi, conquis par son humanité. Ils étaient nombreux d’abord à l’avoir écouté au début de sa mission. Mais les choses changèrent lorsqu’il commença à se présenter comme l’envoyé du Père, lorsqu’il demanda de changer la manière de vivre ses commandements. Ce soir-là, ils ne sont plus qu’une douzaine à l’écouter, encore que l’un d’entre eux allait le livrer à ses opposants. On ne connaît pas les raisons de Judas, la somme que lui versèrent les chefs du Temple, les 30 deniers, un mois de salaire, était tellement dérisoire qu’elle ne peut être la seule justification. Thomas avait bien pressenti le risque que Jésus prenait en allant à Jérusalem et il avait raison. Mais Jésus disait devoir y aller pour cette Pâque et leur donner le message tout contraire à celui de la haine qu’on lui portait.

2. Ce soir-là, Jésus a donné à ces disciples le commandement le plus difficile à vivre qui soit. On observe partout une âpre compétition, depuis le plus jeune âge, sur tous les plans, scolaire, professionnel, politique : il faut être le plus fort, ou le plus malin, et ne pas hésiter à dominer l’autre. Les médias, la presse, la télévision déversent chaque jour des rivalités dues à une irrépressible volonté de puissance, un appétit de pouvoir, un désir de possession. Sur le plan individuel comme au niveau des entreprises et des nations. Il faut être « compétitif », il faut être un gagneur. Il y aura donc des perdants. Et ceux-là seront les plus nombreux. Le comble se verra au sein même de ceux qui disent avoir Jésus comme maître, de son Eglise. Jésus le sait. Mais pour que les hommes ne s’enfoncent pas dans la désespérance la plus noire, il leur donne plus qu’une une raison de vivre, il leur donne un projet, celui d’être à l’image de Dieu, ce pourquoi ils avaient été créés.

3. La jeune juive Etty Hillesum, assassinée à Auschwitz a écrit  : « Nous sommes appelés à aider Dieu à naître dans les cœurs martyrisés des autres », nous faisant proches de ceux qui souffrent ou qui se sentent abandonnés. La tâche semble surhumaine, nos efforts dérisoires, en comparaison des besoins criants de tant d’enfants, de femmes et d’hommes sur cette terre. Pour autant il ne nous est pas demandé de faire des miracles mais des petits commencements. » Le pape François, interrogé sur le fait d’avoir ramené de Syrie avec lui, dans son avion, trois familles de réfugiés syriens, musulmans de surcroit, a répondu par une citation de Mère Teresa de Calcutta, donnée à ses sœurs en réponse à ceux qui remettaient en question leur engagement auprès des pauvres en leur disant : « Tant d’efforts, tant de travail, seulement pour aider les gens à mourir ? À quoi bon ? » Mère Teresa avait répondu : « Bien sûr, c’est une goutte d’eau dans la mer. Mais après cette goutte, la mer ne sera plus jamais la même. » François de Sales disait aux sœurs Visitandines : « Faites profession non pas d’être chrétien, mais je dis de vouloir l’être et n’ayez pas honte des actions qui nous y conduisent. »

4. Le 15 mai 2022 a eu lieu la canonisation de Charles de Foucauld. En 1902, immergé au milieu des Touaregs du Hoggar, il écrivait à sa cousine Marie de Bondy : « Je veux habituer tous les habitants, chrétiens, musulmans, juifs, à me regarder comme leur frère, le frère universel. » Plus de 60 ans avant Vatican II ! « Mon apostolat doit être l’apostolat de la bonté. En me voyant on doit se dire : “Puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne.” Si l’on me demande pourquoi je suis bon, je dois dire : “Parce que je suis le serviteur d’un plus bon que moi. Si vous saviez comme est bon mon maître Jésus.” » "

Aujourd’hui, nous sommes entrés à notre tour au Cénacle, avons entendu ce qui s’était dit à cette table et allons repartir un peu comme les disciples sans avoir vraiment compris tout ce que tu voulais nous dire. Mais nous sommes repartis avec un projet à vivre, à dire : « Aimons-nous les uns les autres. »

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Aloyse SCHAFF

Capitaine de Port Saint Nicolas.
Prêtre du diocèse de Metz. Fut professeur de sciences physiques et directeur du lycée Saint-Augustin à Bitche (57).
Activités pastorales dans les communautés de paroisses du Bitcherland.
Animation d’ateliers d’information et de réflexion sur les textes bibliques et l’histoire chrétienne : Pères de l’Eglise, fondateurs des grands ordres religieux, les grands papes, les grands saints du Moyen-Âge, du XVIe siècle. Des présentations à découvrir sur le site.

Publié: 18/05/2025