Une eucharistie vivante

Seigneur, l’autre jour, j’ai participé à une eucharistie qui m’a particulièrement plu, à tel point que j’ai envie de noter les raisons de mon contentement, pour pouvoir y repenser, les jours où ça ira moins bien.

C’était à la fois très simple et cependant empreint de grandeur. Le père qui présidait était très présent, très humain et très priant. Je me suis sentie portée par cette cérémonie. En plus, il chantait bien et avait à cœur de nous faire participer, en nous associant à la récitation de certaines prières, qui d’habitude sont dites uniquement par le célébrant.

Son homélie a eu la même qualité. Il a employé les mots que l’on dit tous les jours quand on converse avec quelqu’un. Il s’agissait d’un passage de l’évangile en Marc (). Il a commencé en faisant remarquer que dans cet épisode Tu ne faisais pas dans la douceur. Tu rudoyais tes Apôtres, et donnais l’impression que leur lourdeur commençait à Te peser. Ils étaient uniquement préoccupés par un souci matériel, à savoir qu’ils allaient manquer de pain pour le prochain repas ; et au lieu d’essayer de Te comprendre, d’entrer dans Tes vues, quand Tu leur disais de se méfier du levain des pharisiens, ils n’y voyaient qu’un rappel au sujet de l’absence de pain. Ce qui nous arrive souvent, engoncés que nous sommes dans nos soucis quotidiens qui ne volent pas bien haut, au ras des pâquerettes.

Ensuite, il a naturellement parlé de l’Eucharistie, à laquelle Tu fais allusion en rappelant les deux multiplications de pain auxquelles ils ont assisté et même participé, sans pouvoir y voir autre chose qu’un repas abondant et gratuit (mais là personnellement je les comprends). Aujourd’hui, nous, nous avons la chance de mieux en saisir le sens profond. Il est certain qu’on ne peut pas vivre sans manger. Et dans l’Eucharistie, on est tous nourris, fortifiés, il y a du pain pour tous en abondance.

C’était parfait, seulement jusqu’ici j’avais moi-même à peu près analysé ce texte de façon assez semblable. Mais à la fin de son homélie, il nous a orientés vers les corbeilles où l’on avait mis tous les restes du repas, et il nous a invités à partager avec notre entourage les bienfaits que nous avions tirés de cette eucharistie.

J’avoue que cette utilisation des corbeilles avec les restes ne m’avait jamais effleurée, et qu’elle m’a séduite. C’était nouveau pour moi et très parlant, bien dans l’air du temps où les injustices économiques de notre monde actuel nous incitent à partager et à ne jamais gâcher de la nourriture.

La cérémonie s’est déroulée ensuite de la même façon, à la fois simple, conviviale et cependant avec un caractère sacré évident. Ses gestes étaient amples quand il levait les bras ou les yeux au ciel, le ton de sa voix était celui qu’il emploie tous les jours, sans rien de compassé ni d’artificiel, ce qui était dit était bien dit, bien articulé par quelqu’un qui croit et qui vit ce qu’il dit. La bénédiction finale n’a pas été donnée à l’assistance par l’officiant comme il est souvent d’usage de le faire, mais elle a été reçue par lui et par nous, en faisant le signe de croix avec un envoi plein de joie et de bonne humeur.

Je suis sortie apaisée, fortifiée et contente. Merci Seigneur.

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Françoise REYNÈS

Laïque mariste († 2011).

Publié: 01/10/2017